Dans le cadre de ses missions d’analyse des métiers en tension qui sont soit en émergence, soit en forte évolution, soit en déclin et ceux pour lesquels les entreprises sont confrontées à une difficulté permanente de recrutement, l’Observatoire Prospectif et Analytique des Métiers et Qualifications a souhaité mieux appréhender la réalité de la pénurie de main d’œuvre en particulier pour le métier de soudeur qui nous intéresse tout particulièrement.
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1 - Le métier de soudeur - Descriptif du métier
1 - 1 - Descriptif du métier
Une rapide définition
Le soudeur est un homme, et de plus en plus une femme, qui assemble des pièces métalliques réalisées par d’autres professionnels. Bien que le nombre de femmes soit encore proportionnellement faible, le métier de soudeur est, parmi les 3 métiers étudiés, celui qui est le plus largement féminisé.
Ce métier s’exerce dans un contexte normatif très strict, qui a conduit la profession à mettre en place de multiples certifications en fonction des procédés utilisés, des métaux assemblés, types de pièces, des positions de soudage, des types d’assemblage, des secteurs d’intervention (GDF, nucléaire, …), ...
Ce métier s’exerce dans de très nombreux secteurs industriels tels que l’industrie et le transport naval, l’aéronautique, le transport ferroviaire, l’énergie, l’agroalimentaire, le chimique et pétrochimique, les ouvrages d’art, la maintenance, l’industrie agricole, le bâtiment, …
On trouve un soudeur partout où il est nécessaire de finaliser des assemblages qu’ils soient en acier, en acier inoxydable, en aluminium, en cuivre, en titane, en zirconium, …
On peut trouver le métier de soudeur derrière les appellations de soudeur MAG, de soudeur TIG, d’opérateur régleur de robots de soudage, etc …
Les activités de base du métier
Le soudeur assemble des pièces métalliques en suivant les cahiers des charges, la procédure ou les instructions et critères qualitatifs définis.
Pour ce faire, il est amené à mettre en œuvre différents procédés de soudure dont les plus courants sont :
[*]Soudage à l’arc avec électrodes enrobées
[*]Soudage à l’arc avec fil fourré avec ou sans gaz
[*]Soudage automatique
[*]Soudage semi automatique (MIG, MAG)
[*]Soudage TIG
[*]Soudage à commandes numériques sur machine automatique
[*]Soudage au chalumeau (autogène)
[*]Soudage par points
[*]Brasage
[*]Soudage oxyacétylénique
[*]…
Le soudeur est amené à réaliser les contrôles de qualité et de conformité prévus au cahier des charges, dans le cadre de normes de plus en plus rigoureuses, exigences rendues possibles grâce à l’utilisation de procédés de contrôle sophistiqués (ultrasons, radiographie, …).
De plus en plus, les soudeurs sont amenés à manutentionner des pièces avec divers moyens de manutention.
Dans le cadre d’opérations de maintenance, le soudeur doit prendre connaissance et appliquer strictement les consignes d’hygiène et de sécurité propres à l’intervention.
Les conditions d’exercice
Le métier s’exerce en atelier ou sur chantier, et peut dans ce deuxième cas nécessiter d’effectuer des grands déplacements.
Quel que soit le lieu d’exercice, c’est un métier qui s’exerce dans des postures les plus diverses et bien souvent inconfortables : debout au sol ou en hauteur, couché, dans des espaces réduits, confinés.
A cela peuvent s’ajouter des environnements sonores bruyants (ateliers), des conditions liées aux intempéries (chantiers en extérieur) ou plus rarement et pour quelques spécialistes, des conditions extrêmes (sous l’eau, en grande hauteur, …).
En atelier, les horaires sont réguliers, ils peuvent être postés.
Le soudeur fait souvent équipe avec d’autres professionnels : chaudronniers, tuyauteurs, mécaniciens, tôliers, monteurs, serruriers, charpentiers métalliques, …
La connaissance et le respect des règles de sécurité sont une exigence forte de ce métier.
Règles qui se complexifient souvent dans le cadre d’intervention de maintenance.
Les parcours de formation type
Ce métier est accessible par la voie de la formation initiale, de l’apprentissage et de la
formation continue.
Les principales formations sont :
[*]Mention Complémentaire de soudeur sur 1 an, accessible après un CAP, un BEP ou un Bac Pro ROC (réalisation d’ouvrages chaudronnés). Cette mention complémentaire peut-être préparée en alternance ou en formation continue au sein d’organismes tels que les AFPI, l’institut de soudure, l’AFPA, les CFA, …
[*]CQPM soudeur
[*]CQPM Soudeur industriel
[*]CQPM Raccordeur tôlerie en ligne de fabrication automobile
[*]Titre de soudeur à l’arc semi-automatique
[*]Titre de soudeur à l’arc électrode enrobée et TIG
[*]Stages courts en formation continue permettant d’acquérir de nouvelles compétences et de valider différentes qualifications professionnelles de soudeur.
1 - 2 - Les évolutions du métier de soudeur
Le métier a fortement évolué depuis les années 90 de par :
[*]La diversification des matériaux, des procédés de soudage, des types d’assemblages, des secteurs d’application (nucléaire, aéronautique, …) conduisant à la multiplication des qualifications et à une spécialisation croissante.
[*]L’automatisation de certaines productions et l’apparition de robots de soudage de plus en plus sophistiqués, conduisent à distinguer 3 populations de soudeurs :
[*]l’ « opérateur soudeur » peu qualifié, maîtrisant un geste simple sur une activité très répétitive,
[*]le « conducteur de ligne » pouvant programmer les robots de soudure,
[*]le « soudeur » ayant l’expertise manuelle et la qualification ad hoc.
[*]Cette automatisation a d’ailleurs conduit à la disparition pratiquement complète des soudeurs professionnels des industries électriques et électroniques. Les soudures étant soit totalement automatisées, soit réalisées par des monteurs, des câbleurs, etc …
On le voit là, appeler soudeurs tous ces professionnels ayant des compétences très différentes ne peut que créer de la confusion.
Le métier est aussi impacté par le développement de la polyvalence demandée aux chaudronniers et tuyauteurs.
1 - 3 - Les savoirs et savoir-faire de base du métier de soudeur
Les professionnels s’accordent à dire qu’il est nécessaire qu’un soudeur débutant ait à minima :
[*]Savoirs/connaissances :
[*]Des matériaux utilisés et leurs caractéristiques mécaniques (acier, titane, alliage, inox, …)
[*]Des normes en vigueur
[*]Du fonctionnement des postes de soudage
[*]Des règles d’hygiène et de sécurité
[*]Savoir-faire :
[*]Exploiter un dossier de fabrication, des fiches d’instructions pour définir sa gamme opératoire
[*]Préparer les pièces à souder, les positionner, régler de manière adéquate le poste à souder.
[*]Réaliser la soudure suivant les normes applicables, en utilisant les outils appropriés (torche,chalumeau, vireurs, meuleuses, perceuses, …)
[*]Contrôler son travail et vérifier la conformité de sa pièce aux exigences définies par le plan de soudure
Ce qui caractérise ce métier est la nécessité de détenir des qualifications (renouvelées annuellement) pour pouvoir exercer. La qualification certifie la capacité du professionnel à appliquer rigoureusement un mode opératoire particulier. Ces qualifications sont des normes européennes.
Ce qui fait un bon soudeur
A cette question posée aux professionnels en entreprise, aux spécialistes de la formation « de votre point de vue, qu’est-ce qui fait la différence entre un bon soudeur et les autres », ils ont répondu :
[*]la capacité à se concentrer pour maintenir dans la durée un geste précis et continu
2 - Ce qu'il faut retenir sur le secteur de l'industrie et transformation des métaux
Ce qu’il faut retenir sur le secteur de l’industrie et transformation des métaux dans lequel se trouvent la majorité des métiers de soudeur concernés par l’étude
[*]Il est composé principalement de petites entreprises, plutôt stables et recourant à l’intérim de manière plus importante que l’ensemble de l’industrie et des autres secteurs.
[*]Sa population salariée, principalement masculine, possède une pyramide des âges plus vieillissante que les autres secteurs.
[*]Sa population salariée est plus stable que celle des autres secteurs. L’ajustement se fait par le recours à l’intérim, en particulier en ce qui concerne les jeunes, et par des embauches en contrat à durée déterminée.
[*]Les moyens attribués à la formation professionnelle continue sont moins importants que dans les autres secteurs.
L’essentiel du secteur d’activité est composé de petites entreprises (93%) de moins de 50 salariés qui emploient plus du tiers des salariés.
Par ailleurs, 36% des salariés se trouvent dans les 1,2% d’entreprises du secteur de 250 salariés et plus.
Les entreprises de la métallurgie et de la transformation des métaux sont plus stables que l’ensemble des autres entreprises, le taux de
survie des entreprises à 5 ans est de 71%, contre 59% pour l’industrie et seulement 56% tous secteurs confondus.
La main d’œuvre dans l’industrie de la métallurgie et de la transformation des métaux est composée, de 17% de femmes, contre 30%
pour l’ensemble de l’industrie et 41% tous secteurs confondus.
La population salariée du secteur est moins jeune que l’ensemble la population salariée globale (18,4% de moins de 30 ans contre 21,2% et 24,7% de plus de 50 ans contre 22%).
La problématique du renouvellement de la main d’œuvre qui se pose sur l’ensemble du
territoire semble donc accentuée sur le secteur.
La stabilité de la main d’œuvre illustrée par l’ancienneté dans l’emploi est confirmée par le taux de rotation faible pour le secteur (13,3%) par rapport à l’ensemble de l’industrie (18,4%) et à l’ensemble des secteurs d’activité (38,6%).
3 - Quels sont les points marquants de l'analyse des difficultés de recrutement ?
Les difficultés exprimées par les entreprises sont une réalité, mais une réalité qui recouvre une multiplicité de formes.
Parler des besoins des entreprises en chaudronniers, en soudeurs ou en tuyauteurs de manière générale serait passer à coté de la réalité des difficultés : en fonction des particularismes locaux du marché du travail, diversités d’organisation et de taille d’entreprise, de potentiel de formations, d’accessibilité aux entreprises, de compétences attendues, de fonctionnement du marché du travail, de volumes concernés, …
4 - Des tensions qui n'ont pas les mêmes origines
Sur les métiers de chaudronniers et de tuyauteurs, les difficultés à trouver de la main d’oeuvre apparaissent comme essentiellement liées à des problèmes de manque de professionnels alors que pour les soudeurs il semble qu’il s’agisse davantage d’une inadéquation entre les compétences des demandeurs d’emploi inscrits et les besoins des entreprises.
En premier lieu, la majorité des soudeurs inscrits comme demandeurs d’emploi déclarent un travail occasionnel (entre 78 et 136 heures par mois), travail qui n’est pas obligatoirement en rapport direct avec le métier sous lequel ils sont inscrits comme demandeurs d’emploi.
Il s’agit bien souvent de missions d’intérim de courtes durée, ou CDD
Les difficultés de recrutement sont bien plus importantes pour les soudeurs nécessitant une très forte expertise manuelle et une excellente connaissance des caractéristiques mécaniques des matériaux soudés.
Les exigences des entreprises montent encore d’un cran pour les travaux de maintenance par exemple, où des compétences de diagnostic sont souvent attendues et où un savoir faire important est nécessaire pour s’adapter aux réparations et transformations à réaliser.
5 - Des métiers qui fonctionnent différemment sur le marché du travail
Pour une même période 2/3 des offres de chaudronniers sont des offres durables (supérieures à 6 mois), un peu moins de la moitié des offres de soudeurs sont durables et moins d’1/4 des offres de tuyauteurs sont d’une durée supérieure à 6 mois.
Alors que sur les 3 métiers principaux de l'industrie de la transformation des métaux, les chaudronniers et les tuyauteurs (pour une large part) se comportent de manière « classique » sur le marché du travail, le métier de soudeur se distingue non seulement, par la multiplicité des compétences qu’un même intitulé rend confus, mais surtout par un « zapping » professionnel est tout à fait caractéristique de ce métier.
Concernant les types de contrats proposés, 23% des offres proposées aux chaudronniers sont des CDI pour seulement 12% et 13 % pour les soudeurs et tuyauteurs. Les autres offres se répartissant entre missions d’intérim pour la majorité d’entre elles et CDD pour une plus faible part.
Les soudeurs, ayant une compétence recherchée par les entreprises, qui bénéficient de salaires avantageux et apprécient le sentiment de liberté procuré par le fait de quasiment pouvoir choisir leur travail et de changer d’entreprise sans contrainte et sans réel risque.
Mais avec une nécessaire contrepartie qui est la mobilité géographique.
Dès que quelques entreprises ont la nécessité de monter en puissance en matière de production, du fait d’un nouveau marché, d’un carnet de commande plus rempli, la filière se met à dysfonctionner.
6 - La contrainte du carnet de commande et des besoins mal identifiés
La majorité des entreprises a une activité de sous-traitance.
Elles manquent de visibilité sur leur volume d’activité, même sur le court terme et ont une réelle difficulté à définir précisément leurs besoins et anticiper.
De plus, l’anticipation des besoins, même lorsqu’elle est prévisible comme dans le cas de départs à la retraite, demande une telle organisation et synergie de moyens que c’est rarement à la portée d’une petite entreprise seule.
Ainsi, elles sont souvent très isolées face aux problèmes rencontrés et sans grands moyens. Les solutions lorsqu'elles existent sont rarement adaptées en matière de délais, de rythmes, d’organisation à piloter, moyens à mettre en oeuvre, …
Lors de leurs recrutements en CDD et en intérim (qui sont la majorité des recrutements réalisés), les entreprises attendent une productivité immédiate et la compétence complète pour tenir le poste.
Pressées par les contraintes de délais imposés par les contrats elles prennent très rarement le temps de faire un accompagnement dans l’emploi, la performance et le rendement doivent être immédiats.
En conséquence, les entreprises ont du mal à fidéliser leur personnel jeune.
Les pratiques de recrutements prédominants par intérim renforcent l’instabilité des salariés et pénalisent les possibles mises en place de plans de développement des compétences.
La conjonction de ces deux facteurs, recours intensif à l’intérim et du faible investissement sur la formation, contribue au fait que le marché, plutôt bloqué quantitativement comme on l’a vu précédemment, ne se développe pas non plus qualitativement.
7 - Un déficit d'image de la profession et une faible attractivité du métier
Avant même de parler d’une image négative, c’est plutôt l’absence d’image qui est frappante et où finalement ce qui prédomine fortement dans l’aspect négatif, c’est l’idée de travail en usine, souvent associée à « conditions de travail difficiles » et « activités répétitives ».
La plupart des orientations en filières professionnelles pâtissent d’une réelle déconsidération sociale.
L’attractivité du métier de chaudronnier et du métier de tuyauteur repose sur « le faire » : la matière travaillée et le fait de fabriquer de ses mains.
Les soudeurs semblent constituer « une famille » à part, et lorsque la question est posée de ce qui fait l’attractivité du métier, c’est l’image « free lance » véhiculée par la profession qui apparaît, même pour les soudeurs qui sont « sédentarisés » ou pour les enseignants qui
avaient pour la plupart quitté le métier depuis longtemps.
L’image d’un monde de professionnels solidaires, de chantiers, de conditions de travail éventuellement rudes, mais compensée par une rémunération globale satisfaisante est décrite comme attractive.
8 - Des systèmes de formation peu innovants
On l’a vu, la méconnaissance de ces métiers est profonde.
A la différence des métiers de service (vente, tourisme, restauration, banque, …) ou de ceux du bâtiment, que l’on côtoie et que l’on peut voir, le monde de l’industrie est un monde « invisible ».
Peu aidés par les structures d’orientation, les jeunes peuvent difficilement se projeter dans l’exercice de ces métiers.
Les difficultés à accueillir un jeune en stage sont réelles : problèmes de sécurité, temps à consacrer à l’identification d’activités accessibles au jeune et à son accompagnement, période parfois peu propice à l’accueil du fait du carnet de commande, …
L’accueil de jeunes en stage ou en alternance nécessite un système de tutorat ou d’accompagnement structuré et organisé.
9 - Tableau des pistes d'actions
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Par: Dominique ADMIN