Il y a des CV qui retiennent plus ou moins l'attention. Celui de Bruno Bouhours, personne ne le loupe. Non pas pour son originalité, mais pour un mot bien précis : « soudeur ».
Une qualification qui se fait de plus en plus rare. « Des CV d'électrotechnicien, j'en reçois un par jour. De soudeur, jamais ! Même pas pour un stage... » se désespère Christophe Rousseau, responsable maintenance chez SFPI, société fougeraise de peinture industrielle à Fougères (Ille-et-VIlaie).
Voir arriver celui de Bruno Bouhours sur son bureau fut un soulagement.
« On recherchait un soudeur pour remplacer un départ en retraite. Début 2011, on a commencé les démarches. On a cherché dans des agences d'intérim, à la chambre de commerce et d'industrie, chez les métalleries installées dans les alentours... Mais rien. »
C'est plus d'un an après, une fois le recrutement lancé, que deux candidatures sont arrivées. Pas plus. « On voulait une personne assez autonome, se rappelle Christophe Rousseau. Si nous n'avions pas trouvé, on aurait été obligé de sous-traiter. »Un métier pas assez valoriséCe problème de main-d'oeuvre, Christophe Rousseau l'explique par « un manque de valorisation du métier à l'école. Je me demande même s'il existe encore des formations autres que pour les professionnels. »
Bruno Bouhours confirme : « Je n'ai pas été vraiment formé à l'école. On a abordé la soudure, mais sans l'approfondir. »C'est par son expérience professionnelle que Bruno Bouhours va finalement se spécialiser. « Lorsque je travaillais dans une entreprise agricole qui fabriquait des silos. »
Chez ses deux employeurs suivants, le jeune homme poursuit dans cette voie. Juste pour le plaisir du métier.« Je ne savais pas que les entreprises avaient du mal à recruter. Je me suis tourné vers la soudure car c'est un métier plaisant et diversifié. Ici, chez SFPI, je pars de rien pour créer des pièces dont ils ont besoin. C'est ce côté de conception qui me plaît. »Son amour du métier, Bruno Bouhours essaye de le transmettre. « J'en parle avec des jeunes. Je dis à ceux qui veulent se lancer : « Il y a des opportunités». »
Mais il reste aussi lucide. « C'est un métier difficile. Il peut faire très chaud, surtout l'été. Il faut être assez physique. » Un argument devrait toutefois en convaincre plus d'un : « Je n'ai jamais connu le chômage. »
Florent HÉLAINE
Source du communiqué :
http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/fougeres-35-lindustrie-peine-recruter-soudeurs-10-03-2013-88617 ...