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Au Canada, les soudeurs valent de l'or

Publié: le 22/09/2014 à 15:38 Par: Dominique ADMIN
Il n'y a pas que les cadres qui s'exportent de l'autre côté de l'Atlantique. La main-d'oeuvre spécialisée est très recherchée et les francophones ont une véritable carte à jouer.

Soudeurs, ébénistes, carreleurs, mécaniciens d'équipements lourds, chauffeurs routiers... le Canada vous attend!
"Le pays a d'énormes besoins en matière de main-d'oeuvre spécialisée, explique Louise Van Winkle, de l'ambassade du Canada en France, mais c'est justement le recrutement le plus difficile, car cette population n'a pas toujours le réflexe de l'international."
En effet, si les jeunes diplômés en commerce, par exemple, ont presque l'obligation d'envisager une expérience à l'étranger, les ouvriers et artisans spécialisés ne pensent pas toujours à tenter leur chance hors de leurs frontières.
Et pourtant... "Nous sommes obligés d'aller chercher des ébénistes partout dans le monde, tellement c'est la pénurie, ici!" confie Glynis Dorey, présidente de Meridian Wood Technologies, une entreprise d'ébénisterie architecturale basée à Edmonton, en Alberta, qui emploie quelque 35 personnes.

Processus accéléré

En novembre 2013, elle s'est rendue à Paris, au salon de l'emploi Destination Canada, pour recruter cinq "maîtres ébénistes". Elle en a trouvé quatre et les attend prochainement.
Avec plus de 80% de ses employés d'origine étrangère, Glynis Dorey n'en est pas à son coup d'essai mais, jusqu'à maintenant, elle recrutait plutôt en Allemagne ("les meilleurs ébénistes du monde"), en Europe de l'Est et du Sud. "En France, c'est la première fois, car nous profitons du nouveau programme "Avantage francophone" qui permet d'accélérer le processus d'immigration.
Ce qui essentiel, explique-t-elle, car nous avons beaucoup de chantiers et pas de temps à perdre..." Même son de cloche du côté de l'Ile-du-Prince-Edouard, la plus petite des provinces du Canada. Dans ce bastion acadien, la Coopérative d'intégration francophone fait beaucoup d'efforts pour recruter des travailleurs d'expression française.
L'organisme était, lui aussi, présent au dernier salon Destination Canada et en a profité pour embaucher des camionneurs, une denrée rare dans l'île.
Hors Québec, les communautés francophones représentent environ un million de personnes. Pour accroître leur influence économique et culturelle et combler leur déficit démographique, elles se sont lancées, depuis plusieurs années, dans des opérations "séduction", par le biais notamment de missions de recrutement à l'étranger, qui commencent à porter leurs fruits.

Avantage très spécial

"Avantage significatif francophone" est le nom d'un programme spécial qui permet aux candidats francophones de bénéficier d'une exemption d'Avis relatif au marché du travail (équivalent à l'opposabilité du marché du travail en France) pour un poste de gestion, professionnel, technique ou métier spécialisé, dans une province ou territoire autre que le Québec.
Les candidats à l'expatriation qui envoient des candidatures spontanées ou qui répondent à des offres affichées peuvent faire valoir qu'ils sont éligibles à ce programme spécial pour rendre leur candidature plus intéressante.
Contrairement à celui de l'Expérience Internationale Canada, il n'y a pas de critère d'âge, de nationalité ou pays de résidence et pas non plus de quota. Voir les détails du programme sur le site de Citoyenneté et Immigration Canada.
L'instauration du programme fédéral "Avantage francophone" poursuit les mêmes objectifs. Et vient de faire la joie de Frédéric Ferin, 27 ans, soudeur belge. "J'étais venu par curiosité à Destination Canada, qui se tenait à Bruxelles, après Paris. A ce moment-là, je pensais plutôt au Québec, dit-il. Mais, au salon, je suis allée voir le stand de la Saskatchewan. Ils représentaient plusieurs entreprises, dont un fabricant de semiremorques, dans la région de Yorktown, qui recherchait des soudeurs. En Belgique, on n'y arrivait plus vraiment, alors que je faisais partie des soudeurs dans les tuyauteries -les mieux payés. Mais j'avais les ailes coupées, trop de stress, la crise, etc."
Trouver un avenir"Ma femme m'a un peu poussé, poursuit Frédéric, et on a décidé de se lancer. On est venus au Canada pour se trouver un avenir et faire des enfants!" Débarqué en mars 2014, le couple a déjà acheté, pour l'équivalent d'un petit appartement à Bruxelles une ancienne ferme, sur dix hectares de terrain, rien de moins! Ils devraient emménager prochainement. Et là, plus d'obstacle pour le bébé.
Côté boulot, Frédéric reconnaît travailler dur -"mais on n'est pas ici pour glander!"- environ dix heures par jour quatre jours par semaine. "C'est l'exact contraire de la Belgique où on vous stresse à mort. Ici, c'est super cool, on a même l'impression qu'il n'y a pas de patron.
Mais si vous ne travaillez pas, on ne vous fait pas de cadeau..." Sa femme, qui a pu obtenir un permis de travail ouvert de deux ans, comme lui, est devenue serveuse au petit restaurant local.
"Elle se débrouille bien en anglais, ce qui n'était pas mon cas, ajoute Frédéric, le plus dur pour moi, dans toute cette aventure, c'est d'apprendre cette langue, que je ne maîtrisais pas du tout. Je le fais tout seul, le soir, mais ce n'est pas évident après une grosse journée. En plus, au travail, on ne parle pas beaucoup entre nous.
Les soudeurs, c'est pas des bavards..."
Dans les Prairies comme à l'ouest, en Ontario ou dans les territoires du Grand Nord, des soudeurs comme Frédéric sont aussi précieux que l'or ou le pétrole.
Et les salaires peuvent être très avantageux. "Si j'étais allé à Fort McMurray, c'est sûr que j'aurais triplé mon salaire, dit le jeune homme.
Je gagne en fait un peu moins qu'en Belgique, mais le coût de la vie est beaucoup moins élevé. Donc, je m'y retrouve." "Le salaire de base auquel nous embauchons les étrangers est imposé par les autorités fédérales, explique Glynis Dorey. Nous pouvons les rémunérer plus, bien sûr, mais jamais moins.
Cependant, la paye est plutôt bonne en Alberta. Ce n'est pas un problème..."

Fort McMoney, paradis ou enfer ?

A la lisière du cercle polaire, aux confins de l'Alberta, la petite ville de Fort McMurray a vu sa population tripler en dix ans. Car c'est là que se trouvent les grandes réserves de pétrole du Canada. Une véritable ruée vers l'or noir a transformé l'endroit, surnommé aujourd'hui Fort McMoney, clin d'oeil aux revenus très élevés des nouveaux habitants.
Un journaliste français installé au Canada, David Dufresne, est allé enquêter sur le phénomène. Il en a rapporté un concept novateur, aussi ludique qu'informatif: un jeu documentaire, entre le jeu vidéo et le reportage. Fort McMoney, à découvrir sur www.arte.tv et www.fortmcmoney.com.
Pas un problème non plus de gérer tous ces artisans venus du monde entier. Glynis en fait son affaire: "L'important, c'est que chacun se respecte", affirme-t-elle.
Dans son entreprise, ni sexisme ni racisme. "Quand j'ai racheté l'atelier, il y a quelques années, la première chose que j'ai faite a été d'enlever les calendriers de pinup sexy. Ensuite, j'ai mis une femme contremaître..."
Bien sûr, entre la rigidité des Allemands et la "coolitude" des Jamaïquains, par exemple, il existe parfois des petites tensions mais rien de bien grave.
"Vous savez, tout le monde travaille fort pour que ça marche. Moi, j'investis beaucoup de temps et d'énergie afin que mes employés s'intègrent au mieux et surtout, qu'ils restent." Frédéric tient à rappeler, de son côté, qu'il n'est pas si facile d'immigrer: "Il faut dire aux gens que le Canada n'est pas un eldorado et que c'est difficile au début."
Mais lui ne regrette rien.
"Dans mon boulot, il n'y a que des étrangers et cela se passe bien. Ma femme, qui est métis, craignait le racisme mais, vraiment, il n'y en a pas du tout! Ici, les gens sont incroyablement gentils.
Tout cela n'a pas de prix..." Le couple, manifestement heureux, a plein d'étoiles et de projets en tête, comme ouvrir un jour un restaurant, par exemple. Et bien sûr, faire des bébés.

Source : http://www.lexpress.fr/emploi/au-canada-les-soudeurs-valent-de-l-or_1570925.html
Par: Dominique ADMIN

Commentaires (1)

26/03/2015 13:35:17 - Hervé17
Bonjour Dominique .

Trés sympa ton article seulement , connais tu un lien qui permet de postuler directement avec les entreprises qui recrute sur place ???

Cordialement .