Étant diplômé d'un IWE, je suis partiellement d'accord avec toi, je m'explique :
Il est vrai que ces formations sont denses et que la somme des connaissances à ingérer est assez importante et se démultiplie avec la complexité des examens : les contenus de base sont à peu près les mêmes, tout se joue ensuite dans la compréhension fine des phénomènes.
Je pense qu'il est nécessaire d'avoir au préalable un premier diplôme en relation avec l'IW souhaité pour en tirer le meilleur partie.
Il est évident que cette formation seule est extrêmement insuffisante pour permettre de prendre sereinement un rôle de coordinateur en sortie d'école sans expérience.
Je vais prendre mon cas pour exemple : Je suis diplômé d'une licence de physique-chimie et d'un Master de chimie orienté synthèse (polymères, composites) et environnement. J'ai choisi de faire un IWT à l'issue de deux ans de chômage en pleine crise pétrolière.
Cet IWT s'est fait sur une période de 8 mois, en alternance 1 semaine sur 2 à l'Institut de Soudure en cours, et à l'Institut de Soudure en Recherche et Développement sur la plateforme ARC qui s'occupe des procédés de soudage impliquant notamment un arc électrique (ouai bon, j'en ai vu une bonne partie en somme).
Bon, 8 mois d'alternance c'est pas mal et c'était une version courte, dans sa version standard l'IWT se fait sur 11 mois en alternance et l'IWE sur 15 mois.
Ce qui permet en théorie d'acquérir une expérience en relation avec ce que tu fais.
J'ai ensuite décidé de faire l'IWE en passerelle parce que j'avais (dans le désordre) : déja un diplôme d'ingénieur en relation, pas la volonté de repartir sur 13 mois, la possibilité de le faire en parallèle de mon travail d'inspecteur sur mes congés et en congé non payé etc...
Du coup j'ai passé l'IWS pour m'entraîner pour l'IWT. L'IWT et l'IWE parce que je suis jusqu'au-boutiste :).
Si je prends l'exemple de l'IWS
Le temps court pour l'assimilation de notions souvent abstraites, sans applications pratiques, ne permet pas une bonne mémorisation des connaissances
Oui c'est vrai, mais la plupart des gens sont des soudeurs qui souhaitent prendre plus de responsabilités dans leurs entreprises.
Dans les faits ce diplôme seul est inutile si tu n'est pas soudeur ou tuyauteur ou quoi que ce soit.
Les pré-requis sont légers et souvent ne sont pas respectés
les pré-requis sont très faibles donc effectivement on peut les shunter facilement
Les candidats sont couramment des étudiants qui enchainent les titres ou diplômes sans expérience de l'entreprise
très peu d'intérêt à ce diplôme sans certificat professionnel à côté car les missions imputables sont très restreintes.
L'évaluation finale n'est qu'un QCM, bachoté préalablement
C'est totalement vrai, limite... c'est une blague. Il faut quand même avoir plus de 12 à chaque module mais c'est une simple formalité pour toute personne un tant soit peu réfléchie.
Si je prends l'exemple de l'IWT
Le temps court pour l'assimilation de notions souvent abstraites, sans applications pratiques, ne permet pas une bonne mémorisation des connaissances
11 mois d'alternance en théorie dans sa version initial. C'est un bon compromis à mon sens car 3 semaines en entreprise, 1 semaine en formation permet de laisser à l'étudiant le temps de prendre la mesure de ses acquis et de mettre en corrélation ses apprentissages et le quotidien.
Les pré-requis sont légers et souvent ne sont pas respectés
Ce sont les pré-requis les plus respectés actuellement car bien définis, de plus un petit examen à l'entrée permet de définir si la personne est éligible ou non à l'examen
QUOTE]Les candidats sont couramment des étudiants qui enchainent les titres ou diplômes sans expérience de l'entreprise
Diplôme très utile seul, je pense que ce commentaire s'est vu justifié avec la démocratisation de cette formation.
L'évaluation finale n'est qu'un QCM, bachoté préalablement
Un QCM sanctionne effectivement une partie de la note, l'autre partie porte sur des questions ouvertes et des mots clefs.
C'est beaucoup plus compliqué de passer du QCM aux questions ouvertes, le niveau d'implication dans la formation est donc nécessairement beaucoup plus important à mon sens.
Si je prends l'exemple de l'IWE
Le temps court pour l'assimilation de notions souvent abstraites, sans applications pratiques, ne permet pas une bonne mémorisation des connaissances
15 mois d'alternance en théorie dans sa version initiale. 4 semaines supplémentaire si passerelle depuis IWT.
Les pré-requis sont légers et souvent ne sont pas respectés
Les pré-requis ont baissés dernièrement, avant il fallait au préalable un bac +5 pour le passer, désormais il me semble que c'est moins . Pour les validations par l'expérience, je ne sais pas.
Les candidats sont couramment des étudiants qui enchainent les titres ou diplômes sans expérience de l'entreprise
Dans mon groupe de travail, il y avait beaucoup de personnes en poste qui s'occupaient de l'ensemble du soudage dans leur entreprise, cette formation servait à l'entreprise justifier d'un ingénieur sur site, et à ces personnes d'obtenir un diplôme en accord avec ce qu'ils réalisaient déjà.
En définitive ce n'était qu'une mise à niveau.
Pour ma part c'était la part de moi qui voulait aller au bout des choses et finaliser ma reconversion professionnelle.
L'évaluation finale n'est qu'un QCM, bachoté préalablement.
Bon la, c'est déjà un autre niveau.
QCM oui, point négatifs aussi pour le coup ! Et puis surtout des questions ouvertes très larges ou il convient de répondre en faisant montre d'un esprit de synthèse très important.
Les questions ne s'arrêtent plus aux modules mais dépassent largement l'ensemble des limites.
Il faut réaliser l'ensemble des connections entre les différents modules afin de fournir une réponse précise à une problématique. Franchement c'était vraiment pas évident mais c'était terriblement intéressant.
En plus de cet examen écrit, il convient de passer au moins 1 module à l'oral (rattrapage mais bon comme c'est 95% des cas.... est-ce vraiment un rattrapage ?).
Dans tous les cas avec moins de 15 à un module, c'est oral directement :).
Bon et maintenant ?
Oui ces formations sont chères, d'ailleurs elles sont même hors de prix comme l'ensemble de la formation professionnelle.
J'ai financé mon IWE sur fonds propres, entre le manque à gagner des congés sans solde, le déplacement sur Paris, les hôtels, le prix de la formation, c'est un billet de 20k€ (déductible des impôts hein, faut pas déconner, faites le sur deux années fiscales pour être op dans le fonctionnement :D ! )
Est ce que je le regrette ? Absolument pas : cette formation est une révélation pour moi.
J'ai toujours cherché un métier ou le théorique et le pratique étaient intimement liés avec l'humain jamais trop loin, avec ce diplôme je suis servis et je peux le dire, j'aime mon métier.
Après je ne suis pas sorti préparé au monde du travail, loin de la, aussi bien au niveau pratique qu'au niveau normatif . J'ai eu la chance de travailler pour AREVA en sortie d'IWT, et j'y ai appris énormément en faisant de l'inspection.
On ne peut pas se lancer sur un poste de coordinateur avec seulement cette formation en main. Il faut voir des choses, bouffer de la norme, du code, découvrir des pratiques, sortir de sa zone de confort.
Il faut un bagage professionnel pour utiliser au mieux cette formation, plus on en apprend, mieux on sait. C'est un effet boule de neige.
Il faut être humain aussi, écouter les conseils, apprendre des expériences.
Je vais voir chaque jour mes soudeurs (j'en ai une 20ene actuellement) pour m’inquiéter de comment se passe leur travail, leurs difficultés, et puis séparer les pleurnicheries des véritables demandes importantes.
Il ne faut pas oublier qu'on travail pour eux, pour leur faciliter le travail, pour simplifier l'administratif et huiler les rouages de la machine.
En tant qu'ingénieur soudeur, je suis affilié aux Méthodes pour améliorer les conditions et les outils de travail, je suis garant de la qualité opérationnelle et documentaire, je réponds aux clients sur les pratiques de mon entreprises et leur explique mes choix opérationnels, j'oriente les commerciaux et Project manager et leur indique les écueils des demandes clients, suis inflexible ou en concèdes certaines.
Je suis aussi la jonction entre les bureaux et la production, un pied de chaque côté de la barrière,je conseil sur les designs et je manage mes soudeurs, je veille sur eux, je ris avec eux et je les engueule.
En gros je suis un espèce de couteau-suisse et chaque jour est un nouveau défi.
Je vis actuellement ma meilleure période professionnelle et je m'éclate dans ce que je fais.
Cette formation, dans sa mouture originelle, telle que pensée par l'IIW est bonne, à tous les niveaux.
C'est sa démocratisation qui pose problème, chaque centre de formation veut faire mieux, différent, plus vite, plus loin, moins cher... etc.
C'est ça le véritable danger.
Et le fait qu'on est jamais trop préparé à être un moyeu central d'un système de soudage performant et je te rejoins sur l'importance de l'expérience.
Ce qui me fait grincer des dents, se sont des jeunes ingénieurs soudeurs très procéduriers qui ont les dents longues et qui iront chercher la petite bête pour briller.
En sortant d'école nous n'avons qu'une intelligence théorique et procédurière et il convient de rapidement développer une intelligence pratique sous peine d'être un très mauvais coordinateur, un très mauvais ingénieur/technicien et un très mauvais manager.
Mais ça, on ne l'apprend pas à l'école.
Je me suis un peu étalé, veuillez m'excuser pour cette logorrhée interminable :)