Bonjour,
Après avoir fait l’acquisition d’un inverter Gysmi 206 il y a quelques semaines, voici venu le temps du retour d’expérience détaillé avec ce nouveau poste.
1) Apparence extérieure
Déjà l’apparence est robuste avec ses gros connecteurs pour câbles de soudage. C’est aussi une nécessité vu que ce sont des câbles de 35mm² qui sont livrés. Avec 4m par câble, GYS n’a pas radiné et c’est vraiment confortable. La pince (très puissante) et le porte électrode sont corrects et plus costauds que les modèles d’en dessous.
Le tout est livré avec une valise assez robuste (en particulier les charnières et fermetures).
Le poste est relativement lourd (près de 8Kg) et par rapports aux modèles d’en dessous dans la gamme, il a l’avantage d’être équipé d’une poignée en plus de la sangle.
Il repose sur des gros pieds amortisseurs en caoutchouc avec insert métallique qui sont très efficaces et qui évitent de transmettre des chocs à chaque fois qu’on pose le poste. C’est un point important pour la fiabilité du poste.
2) Construction interne
Je l’ai aussi complètement démonté pour voir précisément comment il était fait.
La qualité de la fabrication de l’électronique est très bonne. Je me suis aperçu que le fait qu’il intègre un correcteur de facteur de puissance (PFC en anglais) avait un effet très positif sur la robustesse mécanique de l’électronique puisque la carte électronique est fixée à la carte SMI des composants de puissance par pas moins de 18 colonnettes. Dans le passé, il y a parfois eu des problèmes de tenue de ces colonnettes dans le temps mais elles étaient beaucoup moins nombreuses (5 initialement puis 9 sur les postes sans PFC). Là, visiblement GYS n’a pas lésiné sur les moyens pour assurer une bonne robustesse. En plus toute l’électronique est fixée sur un solide support intermédiaire à la base du produit avec un système qui assure la souplesse nécessaire pour ne pas lui transmettre de contrainte mécanique.
Pour protéger l’électronique contre des dommages que pourraient provoquer des poussières conductrices (assez fréquent dans un atelier quand on meule), la carte électronique est revêtue par un vernis de tropicalisation (appliqué après soudure des composants). En plus, les composants de puissance du circuit SMI qui sont soumis à la tension secteur sont noyés dans un genre de mastic souple pour mieux les protéger.
Le refroidissement est assuré par un puissant ventilateur avec un flux d’air forcé sur un très gros dissipateur thermique (d’où une bonne partie du poids de l’appareil).
Je regrette simplement que le ventilateur ne soit pas commandé par la température pour limiter le bruit quand on ne soude pas.
3) Panneau de commande
La face avant inclinée intègre un panneau de commande clair et pratique d’utilisation. Les touches se manipulent bien avec des gants et l’affichage numérique est appréciable par rapport aux trop petits potentiomètres que l’on trouve sur les produits d’entrée de gamme. Le réglage du courant est facilité par un système d’accélération du défilement pour un appuie continu sur les touches ce qui permet à la fois une modification rapide et précise. Les derniers réglages sont mémorisés en arrêtant le poste.
Le réglage des autres fonctions est aussi simple et le mode opératoire est rappelé par une sérigraphie sur un côté de l’appareil.
Si au bout de plusieurs dizaines de milliers d’appuies sur les touches, elles venaient à s’abîmer, il serait possible de commander auprès du distributeur un nouveau clavier souple qui peut être remplacé simplement par l’utilisateur.
4) Utilisation
Je l’ai utilisé essentiellement avec des électrodes rutiles et rutilo-cellulosiques mais aussi un peu avec des basiques. Au total, j’ai du passer une cinquantaine d’électrodes de 2 à 4mm.
Je connaissais déjà les avantages de l’inverter donc par rapport à l’usage, il n’y a pas eu de surprise*: amorçage très facile, possibilité de travailler aux plus faibles courants avec la même facilité, arc très stable et cordons très réguliers.
Par rapport aux spécificités de Gysmi 206, j’ai apprécié la fonction d’un arc force réglable.
Pour un usage normale avec des électrodes rutiles je met l'arc force au minimum fin d'avoir le maximum de douceur de fusion et le minimum de projections. En soudant en verticale descendant je préfère le mettre à environ 20% afin de bien réagir lorsque le laitier ou le bain de fusion coule un peu avec des électrodes universelles. Avec des électrodes basiques, on a intérêt à avoir un arc force fort pour compenser les irrégularités dues à un flux sous forme de plus grosses gouttes. C’est aussi une manière de moduler l’intensité en fonction de la longueur d’arc comme on pourrait le faire avec un poste conventionnel.
Je pense aussi que cette très fine régulation du courant est facilitée par ce que GYS appelle la «régulation secondary» c'est-à-dire que c’est directement le courant de soudage qui est mesuré en temps réel et non pas seulement le courant au primaire du transformateur qui ne constitue pas une image aussi fidèle. Ce n’est pas spécifique à GYS mais c’est ce que l’on retrouve sur tous les postes les plus haut de gamme.
Par rapport au PFC, j’ai eu l’occasion d’apprécier ses bénéfices dans deux cas.
J’ai pu travailler avec une rallonge de 60m un peu sou dimensionnée et j’ai peu utiliser des électrodes de 4mm à 150A sur un compteur EDF limité à 15A (en fait j’ai mesuré une consommation de 20A dans ce cas mais avec le compteur a toujours une petite marge et en plus il est temporisé).
Non seulement le PFC permet de réduire fortement le courant consommé mais il assure aussi une pré-régulation face aux fluctuations de tensions (c’est pour cela qu’on peut travailler facilement avec de grandes rallonges ou bien un groupe électrogène)
5) Caractéristiques particulières
Le mode TIG est aussi assez avancé avec un amorçage «lift arc» et non pas au gratté comme on le trouve sur les postes de conception plus ancienne. Son système d’évanouissement d’arc progressif et réglage est même rare sur des postes MMA.
Après c’est vrai que ce n’est pas un véritable TIG car il manque la gestion du gaz et il faut donc une torche à valve pour s’en servir occasionnellement en TIG.
Je n’ai pas testé le mode TIG
La puissance de ce poste est assez exceptionnelle pour un produit monophasé puisqu’il permet de travailler jusqu’à 200A à l’électrode enrobée et dans ces conditions, on peut passer jusqu’à 15 électrodes de 5mm par heure*: c’est quasiment autant que mon gros poste triphasé conventionnel de 70 Kg !
En plus grâce au PFC, même à 200A de soudage, le courant consommé reste inférieur à 30A alors qu’il serait de 45A avec un poste conventionnel.
Le facteur de marche à 40°C est aussi assez important : 60% à 120A et encore 30% à 160A. Ces caractéristiques font de ce poste un produit bien adapté pour un usage régulier avec des électrodes de 3,2 et 4mm et plutôt occasionnel avec des électrodes de 5mm.
Même si l’on ne soude jamais à 200A, je trouve intéressant d’avoir cette réserve de puissance car avec le hot-start et l’arc-force réglés par défaut, la surintensité est de 40% mais, comme sur tous les postes, elle est toujours limitée par le courant maximum. Ainsi pour pouvoir profiter pleinement de ces fonctions il faut se réserver une marge de puissance.
6)Conclusion
Avec un peu de recul, je suis vraiment content de mon acquisition et vu sa puissance, c’est typiquement le poste que je conseillerais pour faire de la maintenance agricole (j’interviens aussi souvent dans ce domaine).
Même si on n’envisage pas de travailler avec des électrodes de 5mm et si l’on travaille rarement avec des 4mm, ce poste me parait préférable au Gysmi 195 de construction assez semblable et un peu moins cher mais moins bien équipé (câbles, pinces, porte électrode, poignée).
En termes d’usage, ce poste parait aussi bien adapté pour tout artisan qui soude plusieurs heures chaque semaine et qui a besoin d’un poste puissant et robuste tout en pouvant le brancher sur une simple prise 16A.
Après, c’est certain que pour un usage encore plus intensif d’un soudeur professionnel qui passe ses journées à souder, un poste avec un facteur de marche encore supérieur sera préférable.
Ces postes vraiment prévus pour un usage industriel ont aussi souvent une construction encore plus robuste avec un véritable tunnel de ventilation pour avoir une meilleure protection contre la poussière. Par contre, ces produits sont généralement triphasés, assez lourds et nettement plus chers : chez GYS ça correspond au nouveau Gysmi 253.
En monophasé, je ne connais pas vraiment d’équivalent en puissance au Gysmi 206 chez les grands constructeurs. Seul le caddy arc 201i d’ESAB qui est un excellent poste moderne me parait plus recommandable : il a un facteur de marche à peine supérieur (130A à 60%) mais son courant est limité à 170A en mode MMA et surtout il coûte près du double du Gysmi 206.
Et là, comme je l’ai déjà fait dans le passé pour l’achat de mes deux autres postes à souder, j’en reviens toujours à GYS pour le rapport qualité prix.
Arnaud72