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Comment conserver la bonne résistance à la corrosion des aciers inox lors de leur soudage

Publié: le 22/01/2015 à 17:44 Par: Clémence HFT France
Comment conserver la bonne résistance à la corrosion des aciers inox lors de leur soudage



Exemples de corrosion

De nombreuses industries font confiance aux aciers inox pour leur résistance à la corrosion.
Les exemples majeurs sont leur emploi dans les secteurs alimentaire, boissons, pharmaceutique, semiconducteurs, pétrochimique, nucléaire, où la moindre contamination de la pièce ne peut être tolérée.

Cependant, contrairement à ce que beaucoup pensent, les aciers prétendument inoxydables sont rarement vraiment…inoxydables.

Nous avons choisi ici deux exemples de corrosion.
Nous avons tous déjà observé des taches noires sur des couverts en inox à la maison, après un passage en lave-vaisselle. Cependant, un exemple plus parlant est celui d’une conduite extrêmement corrodée après exposition à l’eau de la mer.

Cela provient de l’exposition au sel marin, alors que beaucoup d’aciers inox ne résistent pas aux sels contenant du chlore.




Effet de l’exposition d’acier inox à de l’eau salée


On peut contrer ce problème en choisissant des aciers qui résistent à la corrosion due au sel.
Cependant, pratiquement tous les aciers inox peuvent voir leur résistance à la corrosion fortement affectée par des opérations de soudage, ou par la façon dont le soudage est mené.

On néglige souvent l’effet du processus de soudage lui-même sur la résistance à la corrosion. Une coloration, qui apparaît lorsque les zones chauffées ne sont pas complètement protégées contre l’oxydation, peut être vue comme un défaut d’aspect, alors que cette coloration est le signe d’une importante perte de la capacité à résister à la corrosion.
La résistance à la corrosion est donnée par un film très fin, mais très résistant, d’oxyde de chrome qui se forme à la surface des aciers inox dont la teneur en chrome est supérieure à environ 11%. Bien que ce film se reforme de lui-même s’il est endommagé par une rayure, par exemple, ce phénomène est inhibé si les couches superficielles sont modifiées pendant l’opération de soudage.

La température au-delà de laquelle ce problème apparaît est typiquement aux alentours de 400°C, et se voit par l’apparition d’une coloration perçue comme une teinte jaune.dorée. Au-delà de cette température, et cela varie avec la nuance de l’acier, la couleur vire au bleu, et même finalement au noir.



Acier inox austénitique 316 soudé avec un gaz d’inertage contenant 20 ppm (à gauche) et 60 ppm (à droite) d’oxygène, montrant l’effet d’une teneur relativement faible en oxygène sur la coloration

Afin de conserver la résistance à la corrosion, il est nécessaire de faire disparaître les zones colorées après soudage…ou, de préférence, d’empêcher qu’elles apparaissent !


Opérations après soudage

C’est devenu une pratique courante dans certaines applications : on accepte la coloration, et on l’enlève après soudage. Cependant, c’est une opération qui peut être coûteuse, qui prend du temps et qui, là où l’accessibilité n’est pas parfaite, peut être difficile ou impossible à mener à bien. Certaines méthodes doivent être mises en œuvre par des spécialistes.

Souvent, on ne prend pas en considération le coût de ces opérations post-soudage, qui ne sont pas considérées comme faisant partie du processus de soudage. Elles sont très généralement appliquées manuellement, et sont donc sujettes à de grands écarts dans les résultats. Elles sont souvent vues comme une option mineure, mais elles peuvent coûter plus cher que l’opération de soudage proprement dite.

Le moyen le plus efficace d’éviter la coloration est d’utiliser une technique d’inertage de la soudure. L’inertage consiste à éliminer l’oxygène des zones chauffées pour la soudure en déplaçant l’air avec un gaz inerte, souvent de l’argon.


Méthodes d’inertage disponibles

Il existe une grande variété de techniques d’inertage pour assurer la protection du cordon de soudure contre l’oxydation. Souvent, des solutions simples, « faites-maison », à bas coût, peuvent sembler faire l’affaire, mais elles sont loin d’être fiables.

On a peine à imaginer, par exemple, qu’on puisse utiliser du papier journal chiffonné, des éponges ou des blocs de mousse, ou des disques en carton, pour obturer une tuyauterie, de chaque côté du joint de soudure, et qu’on puisse penser que cette technique est sûre. Même s’ils ne partent pas en fumée au cours de l’opération de soudage, on prend rarement en considération le problème de comment s’en débarrasser une fois le joint réalisé.

Pour des tubes de petit diamètre, disons, jusqu’à 10 mm, un flux continu de gaz inerte sans aucun joint pour l’étanchéité est plutôt courant. L’air est remplacé par le gaz inerte qui arrive continuellement. Cependant, on omet de penser aux turbulences, et à l’oxygène ainsi retenu. En outre, un flux continu de gaz, ça coûte cher.





Des bouchons gonflables peuvent être très efficaces et bon marché. La surface qui assure l’étanchéité est importante, et durée de mise en place est relativement courte. Ils sont particulièrement utiles pour des tubes courts ou pour des formes de tuyauteries variables. Cependant, pour des joints soudés assez loin des accès, d’autres méthodes d’inertage sont plus appropriées.



Des barrières solubles collées sur la face interne des tubes assurent une certaine protection, et on peut enlever les disques après utilisation à l’aide d’un jet d’eau.

Avec la « version papier », la liaison avec la tubulure peut aisément fuir, il faut du temps et du doigté pour les préparer.

En outre, comme le papier contient une importante quantité d’eau, ce n’est pas le matériau idéal à mettre près d’une soudure : l’eau va dégazer avec l’échauffement du papier dû au soudage, et la vapeur d’eau se décomposera en oxygène et hydrogène dans l’arc électrique, deux éléments qui peuvent entraîner des défauts de soudure.



Les films hydrosolubles pour soudage, Water Soluble Weld Purge Film™, sont une bonne alternative au papier, pour trois raisons :



[LIST=1]
[*=center]C’est une matière plastique, qui ne contient pas d’eau, susceptible de contaminer la soudure
[*=center]Le super adhésif permet aux barrages de bien coller tout autour de la zone de soudage, ce qui permet d’assurer une surpression dans la zone inertée.
[*=center]La visibilité à travers le film transparent permet aux soudeurs de suivre visuellement l’avancée du soudage.




Les disques flexibles reliés par un axe flexible peuvent être mis en place très rapidement, et enlevés après soudage, puisque l’ensemble peut passer par-dessus la soudure.

La fiabilité doit néanmoins être vérifiée, car l’étanchéité dépend d’une très faible surface de contact disque/tuyauterie.
Certains ensembles ont un axe semi-rigide ; cela peut ne pas convenir lorsqu’il faut installer un ensemble dans un tube coudé avec un faible rayon de courbure.

Chaque ensemble ne convient qu’à une tuyauterie d’un diamètre intérieur bien précis, ce qui fait que le coût global, quand on considère les besoins pour différents diamètres, comparé à celui d’autres systèmes d’inertage, peut être sensiblement plus élevé.





Les barrières gonflables s’avèrent être le seul système parfaitement fiable pour un inertage efficace de tubes et tuyauteries.

De nombreux efforts par les fabricants lors de la dernière décennie ont conduit à des systèmes gonflables qui, aujourd’hui, répondent aux problèmes du contrôle de la pression et du flux de gaz inerte, et permettent une mise en place et un enlèvement rapides et faciles, afin de réduire la durée de l’opération de soudage dans son ensemble.




Surveillance de la teneur en oxygène dans le gaz d’inertage


Comme même de très faibles teneurs en oxygène dans le gaz d’inertage peuvent causer la coloration autour du joint soudé, il est préférable d’utiliser des appareils de mesure spécialisés pour mesurer l’oxygène résiduel.
Une coloration acceptable est obtenue avec une teneur en oxygène inférieure à 50 ppm (0,005%), pour les aciers inox.

Un appareil de mesure adéquat doit présenter deux caractéristiques essentielles : avoir une gamme de mesure adaptée, et pouvoir surveiller le gaz d’inertage dans le volume inerté. La sensibilité doit être telle qu’on puisse détecter un niveau d’oxygène aussi bas que 10 ppm. Les appareils qui ne descendent qu’à 1000 ppm (0,1%) ne conviennent absolument pas.

Récemment sont apparus des mesureurs équipés d’enregistreurs et de moyens d’utiliser les données. Ils conviennent très bien aux préoccupations d’assurance de la qualité, pour les audits. Certains peuvent être programmés pour arrêter le soudage et déclencher une alarme si le taux d’oxygène dépasse la valeur plafond indiquée par l’opérateur.

En dehors du travail sur tubes et tuyauteries, on doit aussi penser au soudage d’ensembles plats, ou avec des formes complexes, comme des boîtes pour les industries électrique et électronique, des appareils médicaux, des tables de conditionnement et les outillages pour l’industrie alimentaire, et d’autres composants moins visibles pour la pharmacie, l’industrie chimique, les industries utilisant des semi-conducteurs, etc.




Sur des composants plats, on peut utiliser des traînards, les Trailing Shields®, et des bandes envers à appliquer sur l’arrière de la soudure.

Les Trailing Shields® peuvent être mis en œuvre pour protéger les faces avant des soudures de l’oxydation lors de l’opération, alors que des enceintes flexibles permettent que des composants de toute taille puissent être soudés dans une atmosphère entièrement inertée.


Références

1 Microbiologically influenced corrosion of stainless steel - Jorg-Thomas Titz - 2nd symposium on orbital welding in high purity industries, La Baule, France

2 Purging while welding - Thomas Ammann - BOC Australia Document 2010

3 Effects of purge gas purity and Chelant passivation on the corrosion resistance of orbitally welded 316L stainless steel tubing Pharmaceutical Engineering. Vol 17 Nos 1 & 2 1997

4 Purge welding stainless steel for cleanability and corrosion resistance foodprocessing.com.au May 2010

Source Huntingdon Fusion Techniques, traduction Patrick Dubosc, janvier 2015.

Pour toutes demandes : Clémence RETEL - France Inertage® - HFT® France - 06 52 84 28 39.
Par: Clémence HFT France

Commentaires (2)

08/03/2015 17:23:06 - picote
Bonjour,

Super bien présenté et développé.

Mais je me pose une petite question, contreune future oxydation, ne peut-on pas assurer un peu plus le coup en appliquantun décapage suivi d’une passivation ?
Cordialement,

20/03/2015 13:18:03 - Clémence HFT France
Bonjour,

Merci Picote,

Désolé pour ma réponse tardive,

En effet, il est possible de décaper et de mettre en place une passivation.

Mais pourquoi passer du temps, sans compter les coûts à éliminer une oxydation que l'on peut éviter complètement dès le début.

Une décoloration du cordon de soudage est révélateur d'une oxydation superficielle voire profonde de la soudure. Elle peut être évitée grâce à une protection gazeuse adaptée et de qualité.

Passer tu temps, se fournir en consommable pour le décapage sans compter les produits chimiques pour la passivation (approvisionnement, recyclage, prestation ?)... Au final, avec la bonne technique, une bonne protection gazeuse est moins cher que touts ces traitements post soudage.

"Mieux vaut prévenir que guérir" me dit encore ma Maman ! ;)

Bonne journée à vous,

Clémence,