Bonjour Dominique,
Pour ma part j'ai tout juste moins de 30 ans... mais depuis mes 5 ans passés dans le domaine de la chaudronnerie et du soudage j'ai un peu la même réflexion que vous, tous ces changements assez fréquents, ces mises à jours sont surprenants, parfois même déroutants. Au début j'ai essayé de lire tous les détails et appliquer à la lettre les exigences normatives, puis petit à petit en voyant les diverses évolutions qui avaient eu lieu, en étant au contact de la norme ASME qui a des exigences différentes j'ai pris du recul vis à vis de tout cela, en fait les normes ne sont pas la bible, seulement une grille de lecture permettant d'attester une validité, d'un point de vue partagé par toutes les parties (donneur d'ordre, fabricant, ...).
J'ai aussi été confronté à l'interprétation et à la sensibilité particulière de chacun des différents ingénieurs soudeurs qui ont pu être amenés à valider mes cahiers de soudage, donc les choix de QMOS notamment, et ce qui est accepté par l'un ne l'est pas forcément par un autre (par exemple le fait d'utiliser une qualification BW pour couvrir un assemblage FW, si l'assemblage FW est prépondérant il faut réaliser un coupon témoin représentatif de l'assemblage... quand on est sur des assemblages mécanosoudés avec un grand nombre de joints différents (un gousset en T ici, une fourrure à clin par là...) et moultes combinaisons d'épaisseurs... pas forcément facile d'aller tout lister et de faire des coupons témoins pour tout. Surtout quand il s'agit de réaliser une pièce unitaire qui va peut être représenter 10h de soudage, et sur laquelle on aura passé plus de temps que ça en préparation/rédaction du cahier de soudage.
Cela nous amène également à l'aspect financier de tout ça, les donneurs d'ordre veulent que l'on suive les exigences normatives...mais lorsqu'on leur présente le devis ils sautent au plafond et s'étonnent du fait qu'il y a quelques années ils achetaient le même type de structure pour beaucoup moins cher. Il faut alors "optimiser la production" et "négocier les achats" pour pouvoir présenter une enveloppe budgétaire acceptable...
Vous évoquez l'AFNOR et ISO qui se frottent les mains, j'imagine que vous le dites dans le sens que ces organismes vendent leurs normes, donc chaque mise à jour va représenter de nouvelles ventes pour eux. Mais ce ne sont pas les seuls, les organismes notifiés tels qu'APAVE, IS, TÜV bénéficient également de ce fonctionnement, via leurs prestations de contrôle, mais également de formation à ces évolutions... Il est intéressant de constater aussi que les normes d'encadrement des fabrications (EN 1090, EN 15085, ISO 3834...) exigent des profils de spécialistes en soudage, coordinateurs soudeurs, dont les diplômes sont il me semble à l'heure actuelle encore majoritairement délivrés par l'Institut de Soudure... qui fait partie du comité de rédaction de ces normes.