Bonsoir,
En tant qu'amateur au budget limité, mais voulant préserver sa santé, je souhaite équiper mon atelier d'un système d'aspiration des fumées de soudage.
Je pense avoir trouvé une solution abordable, dans l'esprit du "do it yourself" (faites le vous-même).
Je vous fais part de mes réflexions préliminaires, sous forme d'un article. Je vous partagerai ensuite les étapes de la construction du système, au fur et à mesure.
Bonne lecture !
Ventilation d’un atelier de soudage pour amateur
Tout commence par une cave
J’ai la chance de posséder une cave enterrée de 12 m[SUP]2[/SUP], dans laquelle je me constitue un atelier de bricolage depuis 12 ans, au fur et à mesure de mes acquisitions, à un rythme paisible, en fonction de mes moyens.
Cette cave dispose de deux soupiraux qui donnent sur la rue. Lorsque j’ai acheté cette cave, les soupiraux étaient fermés par des vitres mastiquées. La cave était très humide, suite à des interventions sur les canalisations d’eau lors de la rénovation de la maison qui est au-dessus.
Ma première action a été d’ouvrir complètement les soupiraux, pour aérer. Une fois la cave redevenue sèche, j’ai refermé les soupiraux par des plaques de bois. Dans l’une d’entre elles, j’ai percé un trou pour raccorder la sortie de mon sèche-linge. Dans l’autre, j’ai installé une prise d’air frais.
Achat d’une scie sur table. Première prise de conscience des dangers respiratoires.
Quelques mois plus tard, j’ai fait l’acquisition d’une scie sur table. Malgré l’utilisation d’un aspirateur raccordé à la scie, la découpe sur scie générait une grande quantité de poussières dont je m’accommodais en utilisant des masques, en passant l’aspirateur dans l’atelier, et parce que je n’effectuais des travaux qu’occasionnellement.
Découverte du soudage... et des fumées qui vont avec !
J’ai commencé à m’intéresser au soudage quand j’ai construit mon vélo couché. J’ai emprunté un petit poste inverter à un ami, et sans aucune formation, je me suis lancé dans la construction du vélo, à l’électrode enrobée. Toutes les opérations de soudage ont été réalisées dans ma cave. Dès les premiers cordons, j’ai vite compris que la fumée de soudage allait me poser de sérieux problèmes. Mais pour la réalisation du vélo, ma seule solution du moment fut de limiter mes temps de séjours dans la cave, et de faire tourner mon sèche-linge à vide pour renouveler l’air de ma cave...
Mise en place d’une VMC : un bon début, mais insuffisant.
Ayant envie de poursuivre mon apprentissage du soudage autodidacte, il m’a paru nécessaire d’améliorer la ventilation de mon atelier. J’ai donc acheté une VMC que j’ai connectée à l’un des soupiraux, et que j’ai positionnée au-dessus d’une table de soudage de fortune, faite à partir d’une tôle en acier. Si l’efficacité de la VMC pour aspirer les fumées de soudage est très faible, l’ajout d’une VMC a permis de mettre en place un renouvellement d’air efficace et rendre l’atelier respirable.
Et si on passait aux choses sérieuses ?
Je suis fan de Abom79, un YouTuber américain qui me fait rêver avec ses vidéos d’usinage, et parfois de soudage. C’est une grande source d’inspiration pour l’aménagement de mon atelier, même si nous ne jouons pas dans la même catégorie ! J’ai remarqué qu’il utilisait un extracteur de fumées professionnel, comme dans cette vidéo (21:33), et j’ai voulu m’y intéresser de plus près.
Des extracteurs de fumées accessibles aux amateurs ?
On trouve de nombreux extracteurs de fumées de soudage sur le marché, mais leur prix élevé (typiquement plusieurs milliers d'euros) les rend inaccessibles à l’amateur. La santé n’a pas de prix, comme on dit, mais comment imaginer que quelqu’un qui achète un poste inverter à 160 € puisse mettre 10 à 50 fois ce prix dans une ventilation ? D’ailleurs, voit-on des extracteurs de fumées de soudage dans les grandes surfaces de bricolage ?
Si tu ne trouves pas ce que tu veux, alors fabrique-le !
Ne pouvant pas investir une telle quantité d’argent dans un extracteur professionnel, mais ayant la ferme intention de préserver ma santé, j’ai entrepris de construire mon propre extracteur.
L’INRS, une mine d’information pour les professionnels... accessible aux amateurs !
J’ai d’abord étudié les différentes brochures des matériels professionnels, pour avoir une idée des débits nécessaires, des caractéristiques des éléments filtrants. Puis, je me suis souvenu d’un excellent guide publié par l’INRS : « Opérations de soudage à l’arc et de coupage – Guide pratique de ventilation ».
Ce guide présente les différents risques liés à la pratique professionnelle du soudage à l’arc et du coupage, puis propose différentes solutions pour réduire l’exposition des opérateurs.
Différentes solutions de captage sont présentées, par ordre d’efficacité, accompagnés de conseils ou de formules permettant de les dimensionner.
Parmi les différentes solutions proposées, mon choix s’est porté sur un bras articulé qui me semble être le compromis idéal pour la pratique que j’envisage : travailler au centre de l’atelier autour d’une table ou d’une grande structure (cadre de vélo, par exemple). Au passage, le guide de l’INRS m’apprend que les dispositifs fonctionnant en recyclage permanent sont proscrits, car « inefficaces et ne répondent pas aux exigences réglementaires en matière d’aération et d’assainissement des locaux de travail ». Je prévoirai donc un rejet vers l’extérieur, mais il faudra que je filtre l’air au préalable, avant de le rejeter.
Choix du moto-ventilateur
Le composant principal d’un extracteur est le moto-ventilateur. Il s’agit d’un ensemble composé d’un ventilateur animé par un moteur électrique, et dont la fonction est de déplacer de l’air. L’air est aspiré au niveau de l’extrémité du bras articulé, circule ensuite à l’intérieur du bras, puis dans le moto-ventilateur, à travers les filtres, puis est rejeté à l’extérieur. Tout ce parcours génère des forces de frottement qui vont être à l’origine de pertes de charges. Ces pertes de charges vont s’opposer à l’écoulement de l’air. Pour un moteur et une installation donnée, il existe un couple débit / perte de charge d’équilibre. La choix du moteur consiste à calculer le débit nécessaire pour une bonne aspiration, et à s’assurer que le moteur pourra fonctionner à ce débit, tout en compensant les pertes de charges.
Calcul du débit nécessaire
L’INRS propose la formule suivante, pour une bouche d’aspiration circulaire sans collerette :
Q = (10x2 + A)v (1)
Avec :
Q (m3/s) : débit d’aspiration
A (m2) : aire de la bouche d’aspiration,
x (m) : distance entre le centre de l’ouverture et le point d’émission des polluants (recommandée < 0,20 m),
v (m/s) : vitesse d’air induite dans l’axe de la bouche à la distance x (recommandée > 0,5 m/s).
Avec un tuyau de diamètre 160 mm, on obtient un débit théorique de 750 m3/h.
Dimensionner un moteur à l’aide de la courbe débit / perte de charge
Une erreur classique consiste à chercher un moto-ventilateur en ne se focalisant que sur son débit nominal. Or, le débit indiqué est souvent le débit maximal, pour un fonctionnement à vide.
Prenons l’exemple d’un moteur d’extraction professionnel fourni par la société SEAT Ventilation, le SEAT 20. Regardons sa courbe débit / pression :
Prenons le cas du modèle fonctionnant à 0,18 kW, représenté par la deuxième courbe rouge en partant du bas.
L’axe horizontal représente le débit, en mètres cubes par heure (m3/h). L’axe vertical représente la contre-pression, en Pascal (Pa, 1 bar = 100 0000 Pa).
Lorsque le moteur d’extraction fonctionne à vide, il déplace de l’air à un débit d’environ 850 m3/h. Une perte de charge interne, notée pression dynamique existe déjà au sein du moteur. Elle est d’environ 37 Pa.
Connectons maintenant un tube droit de 160 mm de diamètre et de 5 m de long. En canalisant l’air, le tube va opposer une certaine résistance à l’écoulement de l’air, et va développer une contre-pression qui sera d’autant plus importante que le débit augmente dans le tube. Nous pouvons représenter la relation débit / perte de charge sur le graphique suivant :
Ce type de graphique se calcule à partir de modèles physiques, ou plus simplement à partir d'abaques utilisés par les professionnels de l'aéraulique.
En reportant les points de cette courbe sur la courbe du moteur, le point d’intersection des 2 courbes nous donne le point de fonctionnement :
On voit que le débit est passé de 850 m3/h à 560 m3/h, juste en ajoutant un tuyau droit de 5 m. Dans la vie réelle, avec des éléments comme des coudes et des filtres, la situation sera bien pire.
On voit donc que le ventilateur, bien qu’annonçant 850 m3/h de débit, ne sera pas adapté à notre projet. Il faudra choisir un modèle plus performant, comme celui fonctionnant à 0,25 kW.
La documentation du fournisseur nous a permis de comprendre que le moto-ventilateur ne pouvait pas fonctionner à 850 m3/h dans nos conditions d’utilisation. Elle nous a permis d’identifier un modèle plus adapté. Si la série SEAT 20, destinée au professionnels, a le mérite d’être bien documentée, ce n'est malheureusement pas le cas des ventilateurs accessibles aux particuliers.
A la recherche de ventilateurs accessibles au particulier
En cherchant des produits abordables, j’ai identifié 2 sources d’approvisionnement : les VMC et les ventilateurs pour culture indoor. Les VMC ont un débit généralement trop faible, à moins d’y mettre le prix, c'est à dire plus de 1000 €. Les ventilateurs de culture indoor affichent des débits intéressants, certains atteignant les 2500 m3/h. Cependant, leurs courbes débit / pression ne sont pas disponibles. J’ai cependant pu tester un de ces ventilateurs (dans un cadre autre que la culture indoor, je précise...) et j’ai pu constater que leur débit s’écroulait très rapidement à la moindre contre-pression. Donc, ces produits sont à bannir, sauf peut-être si vous les incrustez dans un mur en prise directe et que vous rejetez l'air dehors, sans filtration.
Je suis tombé sur un article très intéressant, de quelqu'un qui a réalisé ce que je veux faire.
Si le concept est très intéressant, j'ai des doutes sur l'efficacité de son aspiration, car il utilise un moteur de VMC qui est à priori trop faible.
En remplaçant le moteur de VMC par un moteur adéquat, je pense qu'il est possible d'atteindre mon objectif.
Le matériel d’occasion
Je me suis finalement résolu à rechercher un ventilateur professionnel, mais d’occasion, en espérant trouver la bonne affaire.
J’ai recherché sur le Bon Coin. Le plus difficile fut de choisir les bons mots clés. Après quelques tentatives, le mot clé « turbine » se révéla le plus efficace. J’ai trouvé une « turbine » de marque Nicotra, modèle DD 9/9 550 W. Elle a un débit de 4700 m3/h à vide et une courbe débit pression plutôt prometteuse.
Je la reçois demain. Si elle est à la hauteur de ses promesses, on va pouvoir s’amuser !
A suivre !